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La Journée de l’Eco-Bâtiment, kézaco?

Que vous soyez maître d’ouvrage (collectivité, bailleur, promoteur) ou maître d’œuvre (architecte, bureau d’études), nous vous attendons nombreux.

Une occasion unique pour faire votre sourcing : rencontrez 53 structures exposantes, adhérentes du cluster Eco-Bâtiment : bureaux d’études, industriels, fabricants, assureurs de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

C’est également le moment de s’inspirer de conférences, notamment sur la transition écologique du bâtiment et de l’immobilier.

Infos et inscriptions

Zoom sur la conférence : “La taxonomie européenne et les enjeux de la transition vers un marché immobilier durable”.

Orienter les capitaux vers les opérations les plus durables, afin de transformer en profondeur le modèle économique de l’immobilier. En résumé, voilà l’ambition de la taxonomie européenne, une classification des activités vertes fondée sur six objectifs environnementaux. Pour mieux faire comprendre l’intérêt de cette direction prise par l’Union Européenne, mais surtout pour battre en brèche quelques idées reçues, et notamment celle qui voudrait que cela ne concerne que les grands projets dans les grandes villes, Hanane El Hayek, experte en finance durable chez CERTIVEA, prendra la parole lors de la Journée de l’Eco-Bâtiment, organisée par le cluster Eco-Bâtiment, le 19 novembre prochain.

Vous allez intervenir lors de la prochaine Journée de l’Eco-Bâtiment, quel est votre parcours et votre rôle au sein de CERTIVEA ? 

Hanane El Hayek : Je suis experte en finance durable avec 13 ans d’expérience dans l’implémentation des stratégies ESG (investissement donnant la priorité aux facteurs environnementaux sociaux et de gouvernance) dans l’immobilier. Je suis aussi auditrice HQE (Haute Qualité Environnementale) internationale et j’ai, entre autres, le certificat CFA-ESG sur les investissements durables. Chez CERTIVEA, je suis responsable du domaine finance durable et je représente l’alliance HQE-GBC au World Building Council . Je suis chargée entre autres  d’assurer une veille stratégique sur l’ensemble des thématiques liées au financement durable ; et de piloter le projet sur la Taxonomie Européenne. Ce projet consiste en la création de passerelles entre les critères techniques de la taxonomie européenne et les exigences de la certification HQE Bâtiment Durable. Tout ceci, pour aider le marché à aller dans la bonne direction et à monter en compétences sur les différents sujets liés au financement durable.

Pourquoi est-ce important pour CERTIVEA de participer à la Journée de l’Eco-Bâtiment ? 

Hanane El Hayek : Aujourd’hui, nous sommes dans une logique de diffusion des connaissances pour aider les acteurs qui souhaitent s’engager dans des cadres de vie durables, et nous intervenons régulièrement par des prises de parole que ce soit pour sensibiliser ou pour discuter des sujets de la finance durable et de la taxonomie.
Nous cherchons toujours à être dans les réseaux qui vont nous permettre de contribuer à diffuser ces connaissances. La taxonomie étant un sujet auquel de plus en plus d’acteurs sont soumis et autour duquel il y a beaucoup de difficultés de compréhension et de mise en œuvre.

Nous avons remarqué, après de nombreux échanges au niveau français, qu’il y a une idée reçue qui circule, comme quoi ce ne sont que les grands acteurs au niveau des grandes villes qui sont concernés par la taxonomie. Ce n’est pas du tout vrai. Tous les acteurs, partout en Europe, dans les grandes villes comme dans les villages et dans toutes les régions, sont concernés. C’est pour cela qu’il est important pour nous d’intervenir lors d’événements régionaux, afin d’aider les professionnels locaux à mieux comprendre le sujet et ainsi à se sentir plus concernés, car ils le sont. Et nous sommes très heureux de participer pour la première fois à la Journée de l’Eco-Bâtiment.

« Changer le modèle économique en profondeur » 

Pour aider les profanes à mieux cerner le sujet, qu’est-ce que la taxonomie européenne, notamment dans le secteur du bâtiment  

Hanane El Hayek : Pour comprendre la taxonomie, il faut bien comprendre les objectifs de l’Union Européenne dans le cadre du Pacte Vert (Green Deal) et la stratégie qui vise à transformer le modèle économique en un modèle plus durable.

Cette stratégie comprend une série de réglementations qui s’appliquent aux entreprises financières et les entreprises non-financières, dont la taxonomie est la pièce centrale. Le but est de classifier les activités économiques selon leur impact environnemental mesuré selon six objectifs. Cela permet de déterminer quelles sont les activités les plus durables, et en fonction des résultats, d’orienter et de favoriser les investissements vers ces activités. Pour le secteur du bâtiment, les trois activités concernées sont la construction de bâtiments neufs, la rénovation de bâtiments existants, et l’acquisition et propriété du bâtiment. Pour ces activités, la taxonomie impose une liste de critères techniques, assez complexes. D’où l’intérêt d’avoir des outils comme ceux que CERTIVEA a mis en place, pour s’auto-évaluer, et des vérifications qui permettent d’attester de la conformité.

La taxonomie européenne dans le secteur du bâtiment, est-ce vraiment nouveau ?  

Hanane El Hayek : Bien avant la taxonomie, il existait déjà des définitions du bâtiment durable connues des professionnels qu’on appelait éco-bâtiment ou bâtiment vert… La taxonomie européenne n’est pas venue pour redéfinir ce concept, mais pour harmoniser les éléments de langage entre les entreprises non financières et les investisseurs.

Auparavant, on s’orientait volontairement vers la certification d’un bâtiment, telle la certification HQE, pour attester de sa qualité environnementale. Aujourd’hui, l’objectif est différent : il s’agit de pouvoir communiquer des données financières liées à l’activité de construction, de rénovation ou d’acquisition, conformément aux nouvelles réglementations. Pour répondre aux obligations règlementaires, il faut désormais fournir un reporting extra financier détaillé, où les indicateurs financiers seront déterminants pour évaluer si une activité immobilière est alignée avec la taxonomie ou non.

Il est désormais nécessaire de reporter, pour chaque année d’activité, des données financières spécifiques (comme le Capex et le chiffre d’affaires) concernant les activités éligibles et alignées avec la taxonomie. Ces données financières sont directement liées aux caractéristiques du bâtiment. Cette approche permet de lier concrètement les aspects environnementaux aux aspects financiers, créant ainsi un langage commun entre le secteur de la construction et celui de la finance.

Quelles sont les clés pour faire adhérer les parties prenantes à la taxonomie européenne ? 

Hanane El Hayek : Pour réussir la transition vers un marché plus vertueux, il est essentiel que tous les acteurs s’approprient cette taxonomie sans qu’elle ne reste limitée à un petit cercle d’experts. Mon objectif est que tout les acteurs puissent monter en compétences pour contribuer à la transformation de l’ensemble de la chaîne de valeur, afin de la rendre plus durable. Dans cette optique, nous mettons en place des formations, nous intervenons auprès des acteurs pour les aider à mieux s’approprier et nous mettons à disposition des ressources fiables tel le rapport sur la Taxinomie verte appliquée à l’immobilier tertiaire (certivea.fr)

« La taxonomie nous permet de parler un langage commun »

Quelles sont les perspectives qu’offre la taxonomie européenne ? 

Hanane El Hayek : De nombreux challenges se présentent, puisque les intervenants sont nombreux et interviennent à différents niveaux  de la chaîne de valeur…

Il y a également l’inertie du marché de la construction, toujours long à évoluer, qu’il faut surmonter. Il y a par exemple un parc de bâtiments existants qui doivent être rénovés avec des ambitions plus importantes dictées par les critères techniques de la taxonomie pour la rénovation. Une piste qui pourrait être envisagée par le marché pour accélérer cette transition est la mise en place de prêts à taux préférentiel corrélés à des éléments positifs dans les reporting liés à la taxonomie.

Nous sommes au cœur d’un triangle composé des décideurs politiques, des investisseurs et des institutions financières. Il est important que ce triangle reconnaisse le rôle des experts de bâtiment, et que la validation de la conformité avec la taxonomie ne puisse être faite que par des professionnels qualifiés. Nous avons aussi besoin, comme je l’ai mentionné précédemment, d’une montée en compétences générale pour améliorer la compréhension et faciliter un partage efficace des bonnes pratiques.

Quelles sont les ambitions que vous allez partager ? 

Hanane El Hayek : L’un des principaux objectifs est d’établir un langage commun pour collaborer plus efficacement. Cela nous aide à mieux identifier et comprendre les besoins des investisseurs ou des institutions financières. C’est un premier pas vers une compréhension mutuelle du sujet. L’étape suivante consistera à utiliser ce langage commun pour progresser ensemble vers un marché de la construction plus durable, voire même un nouveau modèle économique.

Mais d’une manière générale, il faut de la patience pour que la taxonomie porte ses fruits. Nous sommes actuellement dans une phase de transition qui prend du temps. Il y a aussi un besoin de créer une interopérabilité avec l’existant. De nombreuses recherches ont été menées depuis plus de deux décennies pour identifier et appliquer les bonnes pratiques dans le référentiel HQE Bâtiment Durable. Pour valoriser ces solutions CERTIVEA a lancé en 2022 un projet sur les correspondances entre les exigences de ce référentiel et les critères techniques de la taxonomie.

Ainsi, grâce à cet engagement et à ces initiatives, nous avançons vers une adoption réussie des nouvelles réglementations. Rendez-vous le 19 novembre au Cluster, où je partagerai davantage d’informations lors de mon intervention !

Propos recueillis par Crieur Public

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