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À Clermont-Ferrand, le bâtiment durable a rendez-vous avec l’action ! Les 19 et 20 mai prochains, la 10ᵉ édition de la Journée de l’Éco-Bâtiment (JEB) réunira décideurs, entreprises, architectes et formateurs autour de solutions concrètes pour transformer la filière. Organisé par le cluster Eco-Bâtiment, en partenariat cette année avec le FRD-CODEM, l’événement propose un format inédit sur deux demi-journées, des démonstrations de matériaux biosourcés et géosourcés, des conférences et plus de 30 exposants engagés. Objectif : faire se rencontrer l’innovation, les projets… et ceux qui les rendent possibles. Rencontre avec Marie-Soriya Ao, déléguée générale du Cluster.

La JEB fête sa 10ᵉ édition cette année. Que représente ce cap pour vous ?

Marie-Soriya Ao : C’est une étape symbolique, bien sûr ! Quand on a lancé la JEB, nous sommes partis d’un constat simple : il manquait un lieu physique, concret, où l’offre et la demande du bâtiment durable pouvaient vraiment se rencontrer. Un endroit où les professionnels peuvent échanger, se voir, se faire confiance. Parce que dans ce secteur, la confiance passe par le contact direct, pas par un site web ou un mail. L’idée, dès le début, c’était de créer une place de marché, un peu comme quand on fait son marché le dimanche : on découvre, on compare, on choisit ce qu’il y a de mieux pour son projet. Et dix éditions plus tard, cette idée de départ est toujours d’actualité.

Comment cet événement a-t-il évolué au fil des éditions ?

Marie-Soriya Ao : Il a grandi, mais il s’est surtout affiné, structuré, professionnalisé. La première édition, c’était une quinzaine de stands à l’Embarcadère à Lyon, sur un parcours pensé comme une déambulation entre gros œuvre et second œuvre. Puis on a vu que les visiteurs venaient aussi chercher du contenu, de l’info technique, des retours d’expérience, des repères. On a commencé avec des flash-infos de 10 minutes, puis on est monté en puissance avec des conférences, des présentations stratégiques comme celle de la feuille de route de décarbonation l’an dernier.

Aujourd’hui, certains visiteurs viennent spécialement pour ça. Et c’est très bien ! Parce que ce contenu de qualité, c’est ce qui nourrit les projets, ce qui permet aux décideurs d’avancer. Ce qui est intéressant, c’est que l’on propose sur un même temps, les idées, les infos et les moyens de réaliser avec toutes les solutions de nos adhérents-exposants qui restent la colonne vertébrale de notre événement.

« Le focus sur les matériaux biosourcés et géosourcés est la cerise sur le gâteau qui vient enrichir une offre plus large »

Cette année, vous avez opté pour un format sur deux demi-journées réparties sur deux jours. Pourquoi ?

Marie-Soriya Ao : C’est un format que l’on a pensé à partir des retours des éditions précédentes. Une journée entière, c’est parfois trop dense, et on avait des temps morts. En fractionnant, on rend les choses plus souples, plus efficaces. Et surtout, cette année, en plus de notre cible habituelle qui est la maîtrise d’ouvrage publique et privée, nous voulions intégrer la formation. C’est une évolution majeure.

Les besoins en formation sont immenses, des deux côtés : côté entreprises, il faut se former aux nouvelles solutions ; côté maîtrise d’ouvrage, il faut comprendre, prescrire, piloter des projets plus complexes. Et même les organismes de formation sont demandeurs : eux aussi viennent faire leur sourcing de produits, de systèmes, d’innovations à intégrer dans leurs cursus. En accueillant aussi des apprenants, des gens en reconversion, on crée un événement utile, concret, porteur de sens.

Un focus est mis cette année sur les matériaux biosourcés et géosourcés. Par quoi est guidé ce choix ?

Marie-Soriya Ao : Parce que c’est un enjeu majeur. On avait envie de mettre un coup de projecteur sur ces matériaux, qui sont à la fois innovants, durables, locaux… et parfois encore mal connus. On a donc construit un focus spécifique, avec des démonstrations concrètes, des ateliers, deux conférences dédiées. Et surtout, on le fait en partenariat avec le FRD-CODEM, un centre de ressources technologiques qui travaille depuis des années sur ces matériaux, en lien étroit avec les filières industrielles.

Ce partenariat nous permet d’enrichir notre programme, de croiser les expertises, d’ouvrir l’événement à d’autres sensibilités. C’est une belle dynamique interrégionale. Et on le voit comme la cerise sur le gâteau de cette 10ᵉ édition : un focus marquant, mais qui vient enrichir une offre plus large, car la JEB reste avant tout un rendez-vous de la performance globale du bâtiment.

« Ce n’est pas en ralentissant qu’on sortira de la crise, bien au contraire ! »

La JEB reste un événement qui doit inspirer les acteurs de la maîtrise d’ouvrage. Dans un contexte de crise pour le bâtiment, comment convaincre les décideurs d’accélérer malgré tout ?

Marie-Soriya Ao : C’est là que cet événement prend tout son sens. Le message qu’on porte, c’est : les entreprises sont prêtes. Elles sont compétentes, elles sont équipées, elles sont formées. Elles n’attendent que des projets ! Donc maintenant, la balle est dans le camp des décideurs, publics et privés. Il faut passer à l’action. On comprend les craintes, le contexte tendu… mais ce n’est pas en ralentissant qu’on sortira de la crise, bien au contraire ! L’innovation dans le bâtiment, elle est souvent portée par les réglementations. Il faut les assumer, ne pas revenir en arrière. Et il faut apprendre à penser en coût global, pas juste en coût travaux.

Pourquoi insistez-vous autant sur la coopération entre acteurs ?

Marie-Soriya Ao : Parce que la qualité des projets vient de la qualité du collectif. Si chacun bosse dans son coin, on perd du temps, de l’argent, de l’efficacité. Alors que si les entreprises ont l’habitude de travailler ensemble, si la maîtrise d’ouvrage est intégrée dès le début, si les bureaux d’études, les AMO, les architectes collaborent, on gagne en fluidité. On rassure et on est plus robustes. Et le Cluster est là pour ça : pour créer des liens, désiloter, faire dialoguer des acteurs qui ne se croiseraient pas autrement. C’est de l’alchimie, en fait… Et à la fin, c’est ça qui permet à des projets de sortir de terre, bien pensés, bien réalisés.

« Venez, sortez de derrière votre écran ! Venez voir en vrai ! Il y a trop d’idées reçues, trop de “on m’a dit que…” »

Quel rôle joue aujourd’hui la JEB dans l’écosystème régional de l’éco-bâtiment ?

Marie-Soriya Ao : J’ose espérer qu’elle a un vrai impact. On sait qu’il y a eu des projets qui sont nés à la JEB, des partenariats, des synergies, des idées qui ont germé. Et même si ça ne fait pas la Une des journaux, chaque petit projet réalisé, est une victoire pour l’environnement, pour les usagers, pour le territoire. C’est aussi un moment de respiration, de motivation. Dans un climat morose, on a besoin de ce type d’événement qui redonne confiance, qui montre que ça bouge, que des solutions existent. Et on tient à garder cette dimension humaine, chaleureuse, fédératrice. C’est notre marque de fabrique.

Quel message aimeriez-vous adresser à celles et ceux qui hésitent encore à venir ?

Marie-Soriya Ao : Très simplement : venez, sortez de derrière votre écran ! Venez voir en vrai ! Il y a trop d’idées reçues, trop de “on m’a dit que…”. Là, vous avez l’occasion de rencontrer des gens, de toucher des matériaux, de poser vos questions à des pros, de voir ce qui se fait localement. Que vous soyez maître d’ouvrage, architecte, en reconversion, étudiant ou artisan, vous repartirez avec des réponses, des contacts, et probablement des idées.

Et puis, on tient à aller vers les territoires. Cette année, au jeu de l’alternance, on retourne à Clermont. Ce n’est pas un hasard : l’Auvergne a un rôle à jouer, comme Rhône-Alpes. La transition ne doit pas se faire à deux vitesses. Et c’est en se rendant sur place, en créant ces moments d’échange, qu’on avance, ensemble !